28 décembre 2008

War Requiem : une juxtaposition étonnante d'un Requiem et de 9 poèmes de Wilfred Owen

"... la solennité de la liturgie traditionnelle latine (...) atteint le sommet de compassion et de supplication dans le Recordare chanté par le choeur d'enfants, anges de consolation s'il en est, et le Lacrymosa chanté par la soprane ; le drame, lui, est créé par la juxtaposition quasi concordante des sections de la messe et des poèmes d'Owen.
Cette concordance de principe cache un terrible désarroi de l'Homme face à l'absence d'intervention divine ; elle atteint aussi un sommet lors du Quam olim Abrahae, quand Dieu accordait son alliance à Abraham, et le poème d'Owen : So Abram Rose qui évoque cette alliance perdue qui aboutit, non au sacrifice d'Isaac, mais à celui de milliers de vies.
L'émotion est maintenue jusqu'à la fin, lorsque le ténor, censé représenter le soldat anglais, et le baryton, censé représenter le soldat allemand, mourront côte à côte. Oh ! le merveilleux accent allemand de Dietrich Fischer-Dieskau choisi pour la création, et la douceur de Peter Pears dans le murmure du Dona nobis pacem !
Source : http://www.france.qrd.org/culture/musique/britten/requiem.html

Out there, we've walked quite friendly up to Death:
Sat down and eaten with him, cool and bland,-
Pardoned his spilling mess-tins in our hand.
We've sniffed the green thick odour of his breath,-
Our eyes wept, but our courage didn't writhe.
He's spat at us with bullets and he's coughed
Shrapnel. We chorused when he sang aloft;
We whistled while he shaved us with his scythe.
Oh, Death was never enemy of ours!
We laughed at him, we leagued with him, old chum.
No soldier's paid to kick against his powers.
We laughed, knowing that better men would come,
And greater wars; when each proud fighter brags
He wars on Death - for Life; not men - for flags.


Là-bas, de bonne amitié, nous allâmes à la mort.
Nous nous attablâmes, calmes et froids, avec elle,
sans lui en vouloir de renverser nos gamelles.
De son haleine nous reniflâmes le vert relent dense.
Nos yeux pluerèrent, mais non notre courage.
Elle cracha sur nous ses balles, toussa
son shrapnel. Nous chantâmes en choeur quand elle chantait là-haut.
Nous sifflâmes quand elle siffla de sa faux.
Ah, la mort ne fut jamais notre ennemie !
Elle fut notre rire, notre alliée, notre vieille copine.
Aucune solde n'est touchée de regimber contre elle.
Nous rîmes sachant que viendraient des hommes meilleurs
et de plus grandes guerres, quand chaque brave se vante,
il combat la mort pour la vie, non des hommes pour un drapeau.
Ténor et baryton dans le Dies irae
N'hésitez pas à lire la biographie de Wilfred Owen